Découverte des collections - L’« Urlaubsschein » ou « titre de permission »

30 août 2023

Bientôt la fin des vacances estivales, formidable moment collectif d’évasion. 

Quatre–vingt ans plus tôt, les hommes requis au Service du Travail Obligatoire dans les usines allemandes utilisaient déjà les « vacances », ou permissions, pour entreprendre leurs évasions. L’« Urlaubsschein », ou « titre de permission », du jeune Maurice Saillant, natif d’Ingrannes, témoigne de cette histoire : une fois les « vacances » terminées, plus de 75 % des permissionnaires s’évanouissaient dans la nature, privant ainsi le Troisième Reich d’indispensables ouvriers. 

  • Premier obstacle : l’obtention d’un « Urlaubsschein », unique manière légale de revenir quelques jours en France, était soumise à l’approbation de quatre autorités allemandes draconiennes. Une permission pouvait être accordée aux travailleurs mariés au bout de six mois, contre un an pour les célibataires. Affecté à partir du 14 mars 1943 à Wilhelmshaven au chantier naval de la « Kriegsmarine », la marine de guerre allemande, Maurice Saillant dû attendre neuf mois avant de recevoir cet « Urlaubsschein » salvateur.

  • Face à la hausse des défections, les autorités allemandes durcirent les conditions d’obtention de l’« Urlaubsschein ». Par exemple, l’instauration d’un système de garantie visait à contraindre les permissionnaires à revenir : deux autres requis au STO devaient se porter garants du retour du permissionnaire et se trouvaient eux–mêmes privés de sortie tant qu’il était encore en France. Échec cuisant de cette mesure : les garants, conscients de la faible probabilité d’obtenir un jour une permission, encourageaient chaleureusement les permissionnaires à déserter. Confrontés à cette fatale hémorragie d’ouvriers, les autorités allemandes supprimèrent définitivement les permissions des requis au STO à partir du printemps 1944.

  • Une fois en France, de multiples menaces guettaient encore les réfractaires au STO : intimidation de leurs familles, difficultés à se procurer de la nourriture en l’absence de tickets de rationnement, traque par la Gestapo, risque d’emprisonnement ou de déportation. Pour survivre, l’aide apportée par les résistants leur était donc essentielle. Ainsi, au moins 20 % des réfractaires rallièrent la lutte armée menée par la Résistance. De retour en France le 11 décembre 1943, Maurice Saillant s’engagea sur le vaillant sentier du maquis et se joignit dès le 15 décembre aux FFI du Loir–et–Cher.

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