Irène LEBEAU (EP: GAUTHIER)

Biographie

Irène Lebeau épouse Kléber Gauthier, avec lequel elle a deux enfants : Guy et Gisèle. La famille exploite une ferme située dans le hameau des Gonguets, à Chuelles (Loiret). En novembre 1942, Irène et Kléber intègre le réseau SOE F PHYSICIAN – PROSPER, qui se développe alors dans le Gâtinais. À partir de février 1943, leur ferme sert de lieu de cache à de nombreux réfractaires au STO. Le 16 février 1943, un parachutage, annoncé par le message L’ersatz est superflu, a lieu au lieu-dit Le Verger, sur la commune de Chuelles (Loiret). Les trois tonnes d’armes et de munitions reçues sont cachées en trois lieux : la ferme d’Irène et Kléber Gauthier, la maison de la Famille Carmignac et le garage de la Famille Vessière. Dans la nuit du 7 au 8 juillet 1943, la maison des Carmignac est cernée. L’un des fils, Roger Carmignac, est blessé, mais parvient à s’échapper. Il se réfugie chez Irène et Kléber Gauthier, qui le cachent et vont chercher le Docteur Salmon. Face à la gravité des blessures, celui-ci prend la décision d’emmener Roger Carmignac à l’Hôpital de Montargis.

Le 9 juillet 1943, Irène et Kléber Gauthier sont arrêtés à leur domicile. Tandis que Kléber est incarcéré et finalement déporté, Irène, après avoir été interrogée, est finalement relâchée. Gisèle Gauthier témoigne : Ils sont arrivés à une vingtaine d’Allemands et de Français, il y avait plus de Français. Ils avaient laissé les voitures dans le chemin. Quand on les a vus arriver – ils sortaient de partout ! – on a eu peur ! Papa était parti cacher les armes et donc, quand ils sont arrivés dans la cour, il n’était pas rentré. Ils ont dit à Maman : Où est votre mari ? Maman leur a répondu qu’il était allé à l’herbe pour les bêtes. Maman leur a dit : Vous attendrez dans la cour. Elle avait du caractère ! Alors moi, j’ai pris peur et je me suis sauvée. Ils m’ont couru après et rattrapée. Ils m’ont ramenée dans la cour et nous ont mis en joue, mon frère et moi, en nous plaquant le long du mu devant Maman, pour la faire parler. […] D’où il était, dans les bois, Papa a vu arriver les Allemands […] Il avait coupé du maïs pour leur faire croire qu’il était parti chercher ça pour les bêtes […] Quand Papa est arrivé dans la cour, ils lui ont mis les menottes […] Nous avons été enfermés dans une pièce et Papa dans une autre pour être questionné. Ensuite, il faisait nuit, il était peut-être minuit, ils nous ont fait monter dans un camion et nous ont emmenés tous les trois, Maman, mon frère et moi. […] Ils nous ont emmenés jusqu’à Chuelles, sur la place, et là on est restés longtemps sous une pluie battante. […] Et puis, au bout d’un moment, il y en a un qui est venu et qui a dit à Maman : Vous pouvez partir, votre mari, on l’emmène. […] De là, on est repartis en pleine nuit, mais Maman n’a pas voulu rentrer à la maison, car elle avait peur […] Maman n’a plus jamais parlé de la Résistance, elle ne voulait pas. Pourtant, elle a participé aux parachutages, elle a caché des réfractaires.

Kléber Gauthier meurt au Kommando d’Ellrich le 1ER janvier 1945. La nouvelle ne parvient à Irène Gauthier qu’en décembre 1945, la veille de Noël. Après la guerre, Irène Gauthier vend sa ferme et ouvre une épicerie-café dans le bourg de Chuelles.