Roger Georges Emile SEJOURNE

Biographie

Dans un premier temps maçon, Roger Séjourné épouse Suzanne Pottier le 12 décembre 1925 à Bouzonville-aux-Bois. Du couple naissent quatre enfants : Jacqueline, née en 1926, Ginette en 1930, Nicole en 1933 et Jacques, né en 1934. Installé à Orléans avec sa famille, Roger Séjourné intègre l’armée en tant qu’adjudant-chef au 131EME Régiment d’Infanterie. À la déclaration de guerre en 1939, il est en poste au Barcarès, dans les Pyrénées-Orientales, affecté à la garde d’un camp de réfugiés espagnols.
Suite à l’invasion de la France en mai 1940, il est fait prisonnier par la Wehrmacht le 21 juin 1940 à Rambervilliers, dans les Vosges. Interné au Stalag. XII – D de Saarburg sous le matricule 13383, il est finalement « mis en congé de captivité » le 21 avril 1941, étant père de quatre enfants. De retour en France, il rejoint sa famille à Orléans et exerce la profession de comptable. Le 6 août 1943, son épouse, Suzanne, décède de maladie. Pour faire face aux pénuries, sa belle-mère leur apporte du ravitaillement. En mai 1944, le domicile familial est fortement endommagé suite au bombardement de la gare voisine de Fleury-les-Aubrais. Roger Séjourné envoie alors ses enfants chez des parents : à Paris pour ses trois filles, et chez ses beaux-parents à Bouzonville-aux-Bois pour son fils.
Actif au sein du réseau SOE – F / HISTORIAN, Roger Séjourné est chargé de mission de troisième classe. Romain Bongibault, maire de Nibelle, témoigne : « Roger Séjourné travaillait à Orléans, il effectuait plusieurs fois par semaine le trajet Orléans-Nibelle, la nuit, à bicyclette, pour m’apporter révolvers et munitions, que j’était chargé d’entreposer chez moi pour les lui remettre en cas de besoin. »
Au cours de l’un de ces trajets entre Orléans et Nibelle, Roger Séjourné est arrêté le 6 août 1944, vers 1 heure 30 du matin, sur la route d’Ingrannes à Nibelle. Une patrouille allemande trouve sur lui un révolver MO.92 et une forte somme d’argent destinée aux maquis. Le matin, le brigadier des Eaux et Forêts des Haussières, Louis Galopin, reconnaît Roger Séjourné, retenu par les Allemands à l’arrière d’un camion civil réquisitionné. Les deux hommes parviennent à échanger quelques mots. Louis Galopin raconte : « Roger, que je connaissais de longue date, ne se faisait aucune illusion sur le sort qui lui était réservé, acceptant bravement la situation ». Les soldats allemands fouillent par la suite la maison des parents de Roger Séjourné, à l’extérieur de Nibelle. Ils alignent la famille à l’extérieur, sous la menace de mitraillettes, mais ne trouvent rien.
Interné à Orléans, Roger Séjourné est transféré le 8 août 1944 pour la prison de Fresnes, puis déporté par le convoi du 15 août 1944, aux côtés de 1650 hommes et 550 femmes. Arrivé le 20 août 1944 au KL de Buchenwald, il reçoit le matricule 77682, avant d’être affecté à Dora le 3 septembre, puis transféré au Kommando d’Ellrich-Juliushütte le 7 septembre 1944. Atteint de dysenterie, il y meurt le 15 décembre 1944. Un jeune déporté espagnol du même convoi, René Rodriguay, témoigne à son retour de déportation : « René Séjourné est mort, comme tant d’autres à Ellrich, des suites de mauvais traitement infligés dans ce camp et il a été incinéré lui aussi à Dora. »